LA RETOUCHE DANS LE DOMAINE DU LIFTING
Par Vladimir MITZ
Peu d’opérations demandent autant de précision et de constance dans le résultat que le lifting cervico-facial, partiel ou total.
Les patientes sont extrêmement exigeantes en ce qui concerne la qualité et la stabilité des résultats.
Toute détérioration qui peut survenir (entre 6 mois et 1 an après l’acte opératoire) les rend quasiment hystériques : elles exigent une réparation.
Ce d’autant plus qu’il y a un œdème post opératoire important ; elles se rendent bien compte que les tissus ont alors été distendus par l’œdème inattendu et inquiétant.
Elles craignent que le résultat ne sera pas aussi merveilleux que ce à quoi le chirurgien les avaient engagé à espérer ; elles sont demandeuses d’une reprise aussi rapide que possible, presque en urgence.
Au demeurant, il faut être assez large dans ces indications de retouches ; on peut distinguer plusieurs types :
1- La retouche minime partielle : en fait une simple reprise des cicatrices qui sont distendues au niveau cervical, temporal, ou pré-auriculaire, avec un décollement cutané modéré.
2- Une reprise avec décollement cutané segmentaire étendu : soit au niveau des bajoues, soit au niveau du cou, voire les deux.
3- Une reprise totale avec réfection complète de l’opération et parfois adjonction d’un geste encore plus important sur le smas génio parotidien ou le plastysma.
L’indication de chacune de ces reprises doit être exposée, compte tenu de ce qui a été fait antérieurement, de la psychologie propre de la patiente, et aussi des possibilités financières qui résultent d’une négociation assez ardue.
En effet, pour les patientes, la retouche chirurgicale fait totalement partie de l’engagement du premier paiement, sorte de contrat à durée indéterminée.
Pour nous, entrent en ligne de compte d’autres facteurs :
- détérioration liée au mode de vie,
- mauvaise hygiène alimentaire,
- facteur génétique non contrôlable,
- exigence particulière de la patiente,
- vieillissement subit, inattendu et assez brutal.
Il n’y a donc pas de règle en ce qui concerne la retouche chirurgicale, et le fait de chiffrer des honoraires de retouche.
Il est bien entendu que les frais de clinique et d’anesthésie doivent être payés par la patiente ;
Mais les honoraires chirurgicaux doivent être calculés avec encore plus de tact et de mesure de façon à ne pas froisser la patiente et la conduire à aller consulter quelqu’un autre, qui aura beau jeu de médire du premier chirurgien ;
d’autre part il faut faire comprendre à la patiente qu’il y a néanmoins un risque ; seul l’argent à payer la fera réfléchir, comme le disait notre maître Raymond VILAIN.
Exemple n°1 : Madame A
Patiente de 58 ans en pleine activité professionnelle, sentimentale et maternelle.
On constate chez elle un vieillissement important du visage aussi bien au niveau de la région centro-faciale qu’au niveau des bajoues et du cou, discrètement distendu.
Il existe un excédent de peau et de graisse au niveau des quatre paupières.
Il s’agit d’une très jolie femme, demandeuse d’une amélioration aussi importante que possible, mais évidemment invisible…
L’opération : nous pratiquons un lipolift premier qui a permis de ramener 60 grammes de graisse pure au niveau du cou et des bajoues, une excision cutanée très importante, une smassectomie sous zygomatique et une re-tension des platysmas vers l’arrière.
Opérée en 2006, le résultat obtenu paraît extrêmement satisfaisant dans les mois qui suivent l’opération.
Malheureusement, cette patiente continue de se plaindre d’un progressif abaissement des téguments de la pommette, et également d’une petite distension au niveau cervical.
Nous lui conseillons d’attendre un an post opératoire avant de procéder à une retouche.
La patiente, qui souhaite avoir le meilleur résultat possible, admet l’idée qu’il y a une détérioration qui s’est produite bien visible sur les clichés à 1 an post-opératoire.
On constate une petite ptôse au niveau des bajoues, également des plis d’amertume accentués.
Le smas génio parotidien est discrètement descendu laissant un vide sous les pommettes.
Par contre, le résultat est satisfaisant au niveau des paupières, qui ne se sont pas dégradées.
Une reprise chirurgicale est donc décidée : nous réalisons une reprise totale du lifting cervico-facial, y compris dans la région temporale et dans la région mastoïdienne.
Mais l’excision cutanée est cette fois beaucoup moindre que la première fois, comme en attestent les images.
Après cette deuxième intervention, la patiente se dit satisfaite, constatant un meilleur sentiment de tension, de re-positionnement des joues, et jugeant son cou très satisfaisant.
Les clichés avant et après, permettent d’attester la qualité du résultat obtenu par cette retouche à 1 an.
De plus, une discrète lipo-structure a été pratiquée au niveau des bajoues et de la région centro-faciale.
En ce qui concerne le problème du paiement, la patiente a payé les frais de clinique et d’anesthésie, et une petite somme forfaitaire de retouche chirurgicale – qui évidemment ne correspond en rien à ce qu’elle a payé pour son premier lifting.
Revue récemment, cette patiente est aujourd’hui satisfaite ; la reprise chirurgicale 1 an après me paraît une très bonne façon d’aborder ces problèmes de retouche chirurgicale après lifting, lorsqu’il y a un sentiment d’insatisfaction ou un désir d’une meilleure tension cervico-faciale.
Le cas n°2 est représenté par une patiente qui avait déjà subi de multiples opérations de chirurgie esthétique.
Elle a 50 ans, elle a subi un premier lifting aux Etats Unis.
Elle a également subi secondairement la mise en place de fils de nylon en sous cutané, pour essayer de re-tendre la région cervicale, toujours aux Etats Unis.
Nous proposons chez elle une reprise globale de son lifting et une retouche au niveau des paupières que la patiente juge non satisfaisantes avec une gêne à l’occultion palpébrale, qu’elle attribue à une insuffisance cutanée palpébrale supérieure.
Il est pratiqué chez elle un lipolift premier (qui permet de ramener environ 80 grammes de graisse pure) et un lifting cervico-facial bi plan avec section sub-totale du smas sous zygomatique, section des platysmas très bas, (7 cm en dessus de la ligne mandibulaire), re-tension des différents plans et sutures aux fils non résorbables en profondeur. Ablation de nombreux corps étrangers.
Cette patiente présente un œdème post opératoire extrêmement important ; lorsqu’elle est revue (à plusieurs reprises) nous lui conseillons d’attendre, comprenant son inquiétude et d’accord avec elle que cet œdème géant risque de compromettre la qualité de notre lifting.
Un an après l’opération, le résultat de son lifting quoique satisfaisant, n’est pas parfait.
La région cervicale a été bien améliorée, mais il persiste une lourdeur au niveau des joues, des bajoues sont réapparues, le visage paraît encore lourd et peu rajeuni.
Nous lui proposons une reprise à 1 an : de nouveau un lipolift est pratiqué dans la région des bajoues.
Un décollement cervico-facial complet est pratiqué, qui permet d’exciser encore une quantité importante de peau excédentaire survenue en une année ! (photo)
Le smas génio parotidien est en parfait état, il tient bien en profondeur ainsi que le platysma.
Une lipostructure au niveau des paupières supérieures est pratiquée pour les alourdir un peu.
A la suite de cette intervention, la patiente est satisfaite ; les paupières se ferment mieux, il n’y a plus d’épisodes de conjonctivite.
Revue trois mois puis six mois après l’intervention les résultats sont bons : le visage est resté « triangulaire », sans bajoues : le « rafraîchissement » facial est enfin très net.
Dans ce cas, la reprise chirurgicale a été justifiée par le fait de l’insatisfaction de la patiente qui ayant déjà subi un lifting autrefois (qui en est donc à sa troisième demande de lifting en l’espace de cinq an) connaît la musique !
Nous avons proposé de retoucher son lifting avec les honoraires de clinique et d’anesthésiste normaux, en comptant demi tarif chirurgical pour nous mêmes.
Non pas que nous estimions être responsable de l’échec mais parce que nous trouvions que le résultat de son lifting lui-même était relativement incomplet ; elle avait raison de demander une amélioration.
L’objectivité du chirurgien dans ce domaine est extrêmement importante.
En effet, si à notre avis une reprise peut être bénéfique pour la patiente ou le patient, il est tout à fait normal à nous de le proposer plutôt que le patient aille consulter un autre chirurgien, qui dira du mal de nous : la confraternité craque, l’illusion qu’en médisant du chirurgien précédent, notre propre valeur est augmentée !!
Il n’y a pas de confraternité heureuse dans notre profession, il n’y a que des petits mots qui blessent derrière une rapacité à peine déguisée.
C’est la dure loi de notre métier : nous sommes encore des égocentriques ! Les relations inter-professionnelles sont commandées plus par la concurrence et la jalousie que par le respect et la collaboration.